Vers une critique de l’idéal pornographique?

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Contenu le plus recherché sur Internet, et le plus présent – la pornographie touche de
plus en plus de monde, de plus en plus jeune…

Combien de personnes sont dépendantes à cette marchandise? Combien de
vies sont touchées par la sexualité pornographique? Du coté des
acteur-ices, tout comme dans la vie sexuelle de chaqun?…

Je ne ferais pas ici une longue analyse d’un porno ‘type’ sous ces aspect ‘technique’ ou ‘pratiques’ – on peut en lire une ici pour celles et ceux que ça interesse.

Ceci dit, il est évident que quand même que dans la pratique pornographique, c’est le mec qui baise
la fille, qu’elle est soumise et qu’elle simule. Sur que
ça nie son anatomie, son fonctionnement et à priori son désir, que cela
soit visible ou non. C’est quasi systhèmatiquement plus elle qui lèche lui, que l’inverse, et que s’il
s’interesse à l’entrée de son vagin ou de son anus, c’est
quasi-toujours uniquement pour la pénétrer assez violement.

Le porno donne une image biaisée de la sexualité, basée sur la
performance, la technique et la violence. Une sexualité dénuée
d’émotion, de douceur, de tendresse, d’amour. Une sexualité de machines.

Irrémédiablement, le porno doit avancer vers du "toujours plus
hardcore": au fur et a mesure que le consommateur s’habitue à quelque
chose, son corps demande "plus" une plus forte dose, plus d’images,
puis du différent, du plus hard. Par ce que l’esprit s’habitue, et que
ce qui peut paraitre horrible à un moment peut sembler souhaitable à un
autre, ou du moins nécéssaire pour se vider les couilles, se débarasser
de cette tension nerveuse. Car qu’est ce que la pornographie peut
apporter d’autre? Rien. La pornographie, si ça laisse indiférent et que ca n’existe pas, c’est chiant.

Par ce qu’effectivement, c’est pauvre, et ça implique un rapport de
monde
de merde, pas du tout basé sur les sensations subtiles et les émotions,
ça condamna à réster figé à un niveau grossier du réel – comme la
baise..

Et puis, c’est une industrie comme une autre: mise en place pour
générer des profits, avec la nécéssité d’une croissance, donc de
nouveaux corps et pratiques à marchandiser… alors on varie, on
hardcorifie, pour plaire aux clients et obéir aux lois du marché du
sexe.

On peut arguer que résumer la pornographie à la production gonzo
hétéro, serait une
erreur et dire qu’il y a autre chose aussi. Des filles qui se
masturbent ou lesbianisent pour des hommes (cynique, non?) c’est certe
souvent moins violent; et surtout, certaines essayent de faire
du ‘porno féministe’ – comme Ovidie, ou Annie Sprinkle. Il serait alors
‘post porn’ car jouant avec les codes du porno pour faire autre chose,
ou en tout cas pour être favorable au désir/plaisir féminin.

C’est sur que Deep Inside Annie Sprinkle, par exemple est
plus interessant que la production contenporaine (mais ça a aussi
quelques années) et qu’Ovidie peut montrer des scènes différentes du
porno ‘de base’. Le porno Queer, jouant avec la domination à défaut
d’en sortir, peut avoir aussi quelques éléments novateurs et
interessants.

Et alors?

Est ce que par ce que la pornographie formate la sexualité de beaucoup
d’individus, il faudrait
faire du post-porn, qui permettrait aux consommateurs aliéné-e-s de
réfléchir à la sexualité? Certes, la pornographie peut ou pourrait être
un discours sur la sexualité, mais la médiatisation en images des
pratiques sexuelles dans un contexte pornographique, est-ce que ça peut
vraiment avoir un potentiel émancipateur? Je ne crois pas. Dans tous
les cas, le risque reste de substituer une aliénaton à une aliénation
et de toute façon… qui va regarder ces productions?

Peut être vaudrait il mieux chercher à s’émanciper de l’exclavage
mental et redécouvrir son imagination, colonisée par des décénies de
‘culture’!

Et puis, au fond, ne retrouve t’on pas presque toujours ces normes
de bonnitude, idéologie de la femme sans poils, assez fine et avec des
seins qui tiennent, et de l’homme viril, avec un gros sexe?

Produire une contre-culture… Ouais, ça peut ‘interessant’. Mais ça reste de la culture, du paraitre, du
spectacle… 

La pornographie est si présente, et semble modeler les
comportements sexuels d’une bonne partie de la population, hommes et
femmes, pratiquant la baise hétéro-patriarcale ou se pliant à ses canons de beauté; on la perçoit partout, dans la rue, dans
les médias; ses critères physiques sont les critères d’esthétique de
toute une société…

Alors, peut etre qu’au fond ce n’est pas nécéssairement
qu’elle a modelé cette société, et ce rapport aux corps mais peut être
qu’elle reflète simplement ce monde et ces rapports sociaux, comme en d’autres temps d’autres
mises en scène sexuelles imageaient d’autres rapports au monde et aux corps…

Peut être que l’omniprésente pornographie n’est que l’ombre de ce monde de
domination, son rêve, ou son fantasme; peut être que la baise et
sexualité mécaniques sont les seules pratiques accessibles sous le
capital et la modernité industrielle. Peut être que si la pornographie met en scène des corps qui se baisent,
qui se dominent, si les femmes simulent, c’est que la pratique sociale de
l’époque n’est autre, que tout le monde simule et se ment à lui même, et que cette époque ne peut que difficilement imaginer
autre chose.

Peut être qu’au final l’idéal pornographique ne devrait pas être
choquant: il n’est que l’autre face d’une société du travail, de la
performance et du toujours plus… D’ailleur, l’esthétique pornographique des corps propres,
lisse et sans poils n’est il pas similaire à celui d’un film récent ou
de l’image qu’on peut avoir du downtown d’une ville américaine – et n’est ce pas cela, l’esthétique moderne

Peut être
alors que le seul moyen de se débarasser de la pornographie et des
discriminations sexistes, serait l’abolition de la société
industrielle; et qu’une critique de l’idéal
pornographique ne peut être autre chose qu’une critique de l’aliénation dans sa totalité… non?

(Et l’émotion se raviva, comme si tout n’était – Que luxe, calme et volupté.)

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